Perpignan… les magnifiques pierres du Palais des Rois de Majorque conservent l’âme de sa grandeur passée, celle d’un Royaume englouti par le Temps, totalement ignoré par les manuels scolaires des petits écoliers français (malheur à ceux qui ont perdu, ils perdent aussi leur histoire). On a même le sentiment que la ville, devenue française, a voulu nier ce « palais-symbole », le rendre invisible, complètement enserré, écrasé, étouffé par le réseau urbain qui l’entoure et qui en complique l’accès aujourd’hui.
Palais Royal de souverains qui avaient choisi Perpignan comme Capitale, et dont le royaume, celui de Majorque, a rayonné au 13éme siècle sur toute la Méditerranée, il a traversé le temps changeant de propriétaires et de destinations. Palais de résidence, lieu de vie d’une cour fastueuse et raffinée, il devint ensuite forteresse. Dans un premier temps entouré de fossés (occupés en partie par une ménagerie – loups, ours, lions )- il sera ensuite annexé par la France et au 16ème enserré par une enceinte flanquée de plusieurs tours. A la suite du Traité de Barcelone, signé le 14 janvier 1493, il est rendu à la couronne d’Aragon. Les derniers Rois à résider au château seront « les Rois Catholiques », et ce sera le début de la fin pour la souveraineté catalane. Avec ces derniers, le Château Royal primitif devient le donjon d’une citadelle, modernisée successivement par Charles Quint et son fils Philippe II d’Espagne. Après le Traité des Pyrénées, Vauban prendra la suite : construction de casernes à l’intérieur, reconstruction d’une partie de l’enceinte intérieure, demi-lunes sur les courtines extérieures… En 1875, après plusieurs péripéties, le Palais est sauvé et inscrit sur la liste des Monuments Historiques. Sa réhabilitation débutera en pleine seconde guerre mondiale et se poursuit aujourd’hui.
En ce début 2010, il est « globalement » fermé pour travaux (jusqu’à une date imprécise d’après les responsables). Des travaux de réfection et d’aménagement mais aussi un chantier de fouilles effectuées principalement dans la cour centrale de l’édifice par les archéologues du Pôle Archéologique Départemental du département des Pyrénées Orientales.
Samedi 27 février, une présentation a été faite par ces archéologues sur l’avancement des travaux. Plusieurs d’entre eux ont expliqué leurs découvertes et le travail qu’ils poursuivaient. L’étude de l’immense citerne centrale, déjà bien connue, et surtout, la mise à jour d’ un réseau de canalisations permettant d’y amener les eaux de pluie. L’eau est l’élément indispensable, primordial même pour toute forteresse susceptible d’être assiégée…Mais la troupe doit également manger ; le pain étant la nourriture de base, on doit pouvoir conserver le blé qui servira à faire la farine. C’est ce besoin qui explique les énormes silos mis à jour également par les archéologues sur cette même place d’arme. Ils ne seront malheureusement pas fouillés, une tâche rendu trop difficile (et surtout trop onéreuse) en raison de leurs dimensions importantes. Et tout cela sera vraisemblablement recouvert pour laisser à nouveau la place aux visites. Mais un pas aura été fait dans la connaissance (et la reconnaissance) de ce lieux magnifique et emblématique de l’histoire de la Catalogne.
En guise de conclusion, je dirai l’étonnement de tous devant la réponse négative à une question posée : celle de savoir si sur cette place, centre de vie de la forteresse, on avait retrouvé des petits éléments tels que de la poterie datant de la construction du palais primitif…
Explication donnée par les archéologues pour justifier cette absence : pour occuper les militaires qui s’ennuient dans leur casernement en dehors des périodes de guerre, une des première chose que l’armée leur fait faire, c’est… balayer !!!
Et (on peut leur faire confiance) ils sont censés le faire avec énergie !!!
Marie-Lise
Écrire commentaire